L’HOMME MACHINE / THE MAN MACHINE

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Suggestion des images de Frans Masereel d’Anne

Lien wiki de Frans Masereel

Nico, 20 août 2018

I/ Fieldrecording où le « field » peut aussi bien être enregistrement de dialogues extérieurs, prise de son d’ambiances sonores rurales, émission de télévision, émission radio, journal intime filmé, zapping internet, entretien micro-trottoir etc. Dialogue musical et poétique avec le support sonore.

II/ cartographie d’une ville, zones de confort, tiers lieu, zones en friche, vue du ciel, lignes d’horizon, frontières, courbes de niveau, organisation par quartier, abandon…

III/ humain vs machine, répétitions, machines célibataires, accumulation, bug, glitch, rouages, bouton start, androïde, ouvrier…

Alain, 20 août 2018

Le jouet mécanique ne nécessite qu’un déclic

Il est produit en série par l’industrie

C’est plaisant à toucher on a envie de l’avoir

Le mouvement l’épuise il se fige immobile.

Anne, 21 août 2018

J'aime l'idée de la machine célibataire!

L'idée de rouage, pourquoi pas de mobile, d'une certaine immobilité dans le mouvement perpétuel...

Tableau alphabétique sonore / Gaël

Nico, 5 octobre 2018

EUPHORIA

4 voix pour une dystopie

4 narrateurs, voix

Le plateau est divisé en 4, comme 4 régions géographiques d’une ville machiniste et tentaculaire

Dans chacun des 4 quartiers : un écrivain et un ou deux musiciens.

Chaque quartier a sa voix (narrateur-écrivain) et sa musique, comme 4 perfos séparées.

Exemple : Flynn et Antonio et Anne + Alain et Noëlle + Nicolas et Luc + Gaël et Laurent

Début. Noir. fade in sur le groupe Flynn. Fade out musical et lumière. Noir. Fade in sur le groupe Alain. Fade out….

Puis les relations peuvent commencer à se tisser, les musiciens se déplacer, le combinatoire…

Flynn nous parlait du quartier des machines, Alain des tiers lieux ombragés en bordure, Gaël nous rappelle le système monétaire, Nico campe les pensées d’un passant dans l’avenue.

Maintenant tout peut se mélanger, selon un procédé que j’aurais aimé mathématique par exemple.

Au final on constate que toutes les musiques jouées ensemble avaient une cohérence ou s’accordent, petit à petit, la ville est construite.

Les 4 narrateurs étaient les faces de la même voix.

Pour la musique: créer des ambiances fictionnelles en lien direct avec le texte et la voix de l’écrivain.

Pensons 1 système musical par groupe ou voix avec évolution en 2-3 étapes.

Ou dit autrement, créons 4 pièces musicales différentes qui fonctionnent selon un système différent en lien avec le texte et l’interprétation de l'écrivain. Dans un premier temps, elles ne seraient pas comparées, ni pensées en fonction des trois autres. Elles se dérangeraient, elles joueraient la friction.Ensuite, petit à petit, on trouverait le moyen (pour la fin de spectacle) de les faire cohabiter toutes ensemble… Les musiciens pourraient tout à fait appartenir à deux groupes d’ailleurs….

EUPHORIA serait le nom de cette ville.

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Laurent, 9 octobre 2018

Un truc m’a sauté dessus!

Avec baBel, on parle depuis quelques temps de faire un truc sur Kraftwerk (une sorte d’anti baBel dans le nombre d’informations, mais avec un gros travail de son pour ‘sonner’ Kraftwerk)

Mais dans l’idée de jouer exactement les morceaux, au plus près de leurs idées, et avec les structures exactes.

Et - probablement guidé inconsciemment par vos messages - je réécoute avant-hier…THE MAN MACHINE, qui est carrément un chef d’oeuvre.

Kraftwerk / The Man Machine

La demi-heure de l’album pourrait représenter la cohérence dont vous parlez, une autre demi-heure (pas forcément dans l’ordre, pas forcément deux parties totalement distinctes, pourrait être la fragmentation.

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Alain, 10 octobre

Le Man Machine de Kraftwerk me semble en effet bien "moderne", un peu naïf et désuet dans

son approche (Metropolis, robot automate...). C'est clair qu'il faut penser la machine contemporaine

aussi bien, et les nouvelles technologies restent des machines. Mais pas forcément besoin de partir dans

le fantasme (fusion, transhumanisme, ...) il y a déjà des tas de choses à faire avec les rapports bien concrets d'un corps

à un écran, à une tactilité lisse, à la détection par capteurs, aux liens entre une voix et un assistant

vocal ou haut-parleur connecté... me semble-t-il.



Lien du film Tetsuo (par Nico)



Antonio, 10 octobre

Coucou à tous,

Je réagis spontanément à ces belles idées.

The Man Machine, la ville et ses quartiers qui s’accordent (utopie) ou se déconstruisent (dystopie), le corps et la machine, l’historien de l’art en moi ne peux que remarquer le caractère "art moderne » de ces thèmes.

j’ai lu cet été un livre sur les utopies du 21e siècle (Libero Zuppiroli, éditions d’en bas) qui met en parallèle des textes de différentes époques à propos de ces utopies qui tournent souvent autour du rapport entre l’homme et la machine ou la technologie de façon plus large. (En confrontant des extraits avec des points de vue opposés, par exemple deux textes sur la révolution industrielle, l’un qui y voit la libération de l’homme du travail aliénant, l’autre qui constate la pollution des villes et prédit la mort de l’humanité.)

Peut-être pourrait-on introduire une dimension dynamique et temporelle à cette ville? Le point de départ (Swarzi) me fait penser à des films (et pourquoi pas utiliser des projections d’extraits) des temps modernes de Chaplin à Matrix qui nous ferait passer de la modernité à la… j’ose à peine prononcer le mot ici… postmodernité… Ou en tout cas de la machine à l’ordinateur, de la mécanique à l’information et pourquoi pas, en ajoutant une dernière étape, en allant vers l’hybridation homme-machine, vers le transhumanisme.

Voilà, juste un peu de fuel digital dans la machine.




Je pleurais / Gaël Bandelier



Flynn, 17 octobre 2018

Hello tout le monde, et merci pour toutes vos idées.

Je vous balance ce soir un fragment de texte que j’ai écrit au milieu de l’été.

Ces pages font partie d’une longue, très longue lettre que j’ai écrite à un ami américain.

Vous n’êtes vraiment pas obligés de tout lire. Cela ne parle pas que du corps, de la consommation, du big data, de politique, etc.

Mais je pense que le rythme, la colère, la folie qui sourdent sous ces lignes ont quelque chose à faire avec notre propos.

J’aimerais écrire quelque chose de ce genre pour notre projet. Boxer avec des mots contre les silences des machines qui nous tuent.

Je voulais aussi savoir si vous trouveriez intéressant d’avoir une des voix qui s’exprime dans une autre langue? Ou pas?

Cette lettre fleuve est en train de se transformer dans le premier numéro d’un magazine. Y a-t-il aussi quelque chose à faire avec ça?

Le zine homemade comme acte de résistance face à prolétarisation des médias?

Love to each of one of you,

Flynn



Lettre à Kyle / Flynn Maria Bergman



Gaël, 17 octobre 2018

Bonjour à tous,

Voici enfin que j’entre dans la discussion, en direct de Skopje.

Merci pour vos pistes, stimulantes.

Voici donc un jet de réflexions, un bouquet tous azimuts.

Les thématiques du corps, de la machine, leurs liens, le transhumanisme, ainsi que l’urbanisme, le progrès etc. sont des sujets quasi obsessionnels chez moi (le corps en particulier). Ce que vous proposez me parle donc ! J’ai notamment il y a quelques années écrit un texte autour des technologies GNR (génétique, nanotechnologie, robotique) et ai lu pas mal de livres sur la chose et c’est vraiment un univers passionnant dans lequel je plonge avec le plus grand intérêt.

J’imagine pour ma part quelque chose de très centré sur le corps, corps augmenté etc. Explorer les technologies « invisibles » (nano, chimie, génétique, virtualité) me semblent intéressant, on touche à l’abstrait, à, paradoxalement, quelque chose d’éthéré, de dématérialisé, d’invisible et de silencieux. La technologie silencieuse ! Le son comme matière du corps qui n’est pas seul tel qu’en lui-même.

Travailler aussi sur la notion de technique, l’outil, la technologie dans une perspective temporelle notamment (pour poursuivre les références cinéma, cf par exemple 2001 Odyssée de l’espace et en particulier le plan génial et vertigineux dans son ellipse temporelle de l’os premier outil au vaisseau spatial comme technologie avancée… tenir un os fait de nous déjà des transhumains (?), et des lunettes, des médicaments, des béquilles., etc. (?), un instrument de musique, un micro, une partition, etc. (?)). J’aime l’aspect « prochaine étape de l’humanité » : hors-sol, recherche d’une autre planète… voyage dans l’espace-temps (cf les relativités d’Einstein, la physique quantique et la cosmologie, vertiges des échelles et des espace-temps (autres obsessions chez moi). Envie d’explorer l’infini, de la naissance de l‘univers à sa fin (paradoxe ?) et avec, le silence. Le silence qui a le premier et le dernier mot. Les cycles n’abandonnent jamais.

Envie de travailler sur l’abstrait, la conscience, la mort, le libre arbitre, l’identité, la place de l’humain dans l’univers, etc. Questions que tout ça pose…

Dans le contexte de l’homme augmenté etc j’avoue ne pas bien saisir le lien avec la ville, qui me paraît effectivement plutôt moderne… j’aurais pour ma part envie d’explorer non pas la postmodernité, mais encore plus loin, toujours plus loin ! en avant et en arrière, pris dans un temps cyclique, coincés entre 2 particules élémentaires, voyageons !

Kraftwerk oui, mais il pourrait être intéressant de questionner « The Man Machine » aujourd’hui et demain : « The Babel Machine » !? Non pas une machine célibataire, mais une machine inextricablement mariée à l’humain jusque dans sa chair, dans ses nerfs, jusque dans ses gènes, même.

Qui s’exprime quand je m’exprime ? (comme on exprime un citron)

Quelle est la place du langage dans mon corps ? Le trou à paroles dans la viande est-il réel ? Est-il le seul ? La viande peut-elle s’exprimer autrement ?

Quelles différences entre manipuler un os, appuyer sur un bouton, taper sur un clavier, jouer d’un instrument, programmer des gènes, etc.

Sous le vernis le singe est là ! Et il crie ! Toujours les nerfs, toujours le sang, toujours la conscience !

Tha man machine : pléonasme !

Mon corps-instrument, mon corps-son, corps-souffle, corps-cri, corps-langages, corps-pesanteur, corps à fragmentations, corps de raisons-émotions-nerfs, corps-babel ! Langages complexes en multicouches intriquées. Poétiser le corps-douleur, s’abstraire, traire les nerfs pour en extirper des harmonies et des frictions. Laisser parler la machine qui est en nous.

Corps-augmenté de micros, d’objets, outils pour poétiser la viande, tapoter le corps, le frotter, pétrir la chair-son, et le souffle bien sûr, le cri, et les sons qui sourdent sous l’épiderme.

 

Laurent, 18 octobre 2018

Pour revenir à Kraftwerk, et pour argumenter cette proposition, je partage l’avis d’Alain sur les aspect moderne, naïf et désuet…mais justement!

Il y a là un matériau concret tant musicalement qu’idéologiquement.

Kraftwerk est également devenu l’archétype de l’anti concert, avec quatre types fixant des ordis probablement même pas branchés à la sono…

L’idée que j’avais eue il y a quelque temps à propos de baBel jouant Kraftwerk était de rendre la musique plus humaine au-travers des instruments, mais par des contraintes physiques sur les instrumentistes (immobilité, répétition…).

Oui Gaël, l’idée serait bien de questionner Kraftwerk (partir de l’illusion d’une copie parfaite, pour ensuite totalement la destructurer) et non d’en faire un quelconque hommage (c’est ce que baBel fait à peu près toujours)

Dans le processus de travail de baBel, c’est quelque chose qui a souvent très bien fonctionné.

En réponse maintenant à Nicolas (et merci pour le rappel concret du rendez-vous du 30 octobre), je suis parfaitement d’accord avec les points évoqués, et il faut qu’on y réponde.

Je me lance avec quelques esquisses

- à la scénographie, quel espace scénique ? partagé, les uns après les autres, 4 mini-spectacles, tous ensemble etc…

Oui, c’est important. J’aime l’idée des mini-espaces, pas forcément durant tout le spectacle. Mais nous devons aussi tenir compte des contraintes de changements, surtout pour les instruments.

- à l’interaction entre les performeurs (écrivains) eux-mêmes et entre les écrivains-performeurs et les musiciens.

Absolument. J’aime l’idée de moments où l’on s'y perde, ou les écrivains produiraient des sons et les musiciens des mots.

- à l’intérêt ou non d’avoir un cadre-squelette « rigide » pour offrir peut-être une plus grande liberté d’action à l’intérieur.

ça me semble incontournable au vu de l’ambition du projet.

- à répondre à la question pourquoi 4 écrivains (hommes de surcroît)

Elle est très bonne. On va commencer par tirer au sort pour éliminer deux d’entre-vous et les remplacer par…je sais pas qui et précisément… : )

Quatre est un bon chiffre. On aime vos visions et expressions diverses. Le geste de départ est une invitation de baBel à une collaboration avec des mots d’écrivains/performers que l’on croise régulièrement dans les rues et coins mal famés lausannois. Mais pas de bol, z’êtes tous des gars…et blancs de surcroit.

- à une manière de fonctionner pour la suite

Dans un premier temps, être le plus préparés possible pour le rendez du 30 à La Grange. Quelqu’un voudrait se joindre à moi? Ce serait super.

La suite dépendra directement de la réaction de ces dames, et d’une éventuelle date de production.