MUSIC FOR GAS STATIONS

En un siècle d’existence, la station service a gagné ses lettres de noblesses dans tous les domaines de l’art. Elle a su conquérir une place de choix dans la poétique urbaine, le cinéma lui a offert des scènes d’anthologie, la photographie ses plus prestigieux représentants, et, depuis qu’Hopper la peinte, elle a représenté un lieu emblématique de la modernité. Mais il est un aspect de la station service qui semble avoir échappé en grande partie aux artistes du siècle écoulé : les sons. Pourtant, les thématiques et les matériaux sonores qui gravitent autour de la station service apparaissent d’une grande richesse. Et c’est peut-être à l’heure où la station service, telle qu’elle a existé jusqu’ici, est condamnée à disparaître avec la voiture à essence, qu’on peut espérer saisir le mieux son identité sonore.

En prenant la station service à la fois comme point de départ et de rencontre de l’univers sonore qui touche, que ce soit de façon littérale ou métaphorique, à celui de l’automobile, l’ensemBle baBel cherche à rendre compte de la diversité d’un ensemble de phénomènes sonores et musicaux qui ont grandement contribué à donner forme au paysage sonore contemporain.

Depuis la compilation des longs voyages en voiture, les spécificités acoustiques de la portière d’une berline allemande ou italienne, jusqu’aux cibis des routiers ; depuis les concours organisés par des afficionados pour déterminer la meilleure sonorité d’un bicylindre où d’un V12 jusqu’aux travaux de l’ircam pour reconstituer le son d’un moteur à essence performant dans les voitures de sports électriques, la thématique de la station à essence constitue un terrain de jeu extraordinaire pour un ensemble de musique .

PRELUDE, 4 octobre 2015, Lausanne

 

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